Savais-tu qu’envoyer un simple mail nécessite plus de puissance que l’ordinateur de la mission Apollo qui nous a permis d’aller sur la Lune ? Un constat qui parait un peu fou, tant nous avons le clic inconséquent sur nos équipements hyper puissants. Si nombre d’entrepreneurs verts ont décidé de révolutionner les modes de consommation en injectant du responsable et de l’éthique dans leur démarche, assez peu se préoccupent encore de l’empreinte numérique laissée par leur marque. Pourtant, comme les packaging biodégradables remplacent peu à peu l’excédent de cartons, l’éco-conception d’un site web offre une réponse raisonnée à la surconsommation numérique. Inspirée par la lowtech et la greentech, cette approche, relativement minoritaire aujourd’hui, incarne probablement la norme digitale de demain. Alors, qu’as-tu à gagner à opter pour l’éco-conception web sans attendre ?

Marketing éthique, le poids du digital

Comme nous l’avons exploré par ici, s’engager sur la voie d’un marketing vert / éthique / responsable consiste davantage à repenser la chaîne de valeurs et communiquer sur les efforts d’optimisation que de vanter les mérites de ses produits. Dès lors, s’interroger également sur l’impact écologique des outils déployés pour satisfaire ses objectifs de communication prend tout son sens.

Si chaque clic nous parait anodin, l’impact écologique est clairement palpable. Avec 4 milliards d’internautes et quelques 62 millions de serveurs qui brassent de la data en veux-tu, en voilà, le digital consomme, à lui seul, l’équivalent de 5% de l‘électricité produite à l’échelle mondiale.

Entre designs toujours plus pointus, nécessaire recherche de rapidité et prolifération des fonctionnalités, le poids des pages a été multiplié par 115 au cours des 20 dernières années (greenit.fr). Si l’on ajoute à ce bilan, l’utilisation massive de la vidéo, qui pèse 75% du flux de data web, et le recours de plus en plus courant à des solutions d’IA plus ou moins élaborées, les chiffres explosent. A lui seul, le digital représente 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiale.

Si Internet était un pays, il serait, aujourd’hui, le 6ème plus gros pollueur au monde. Gerhard Fettweis

Ces quelques chiffres en tête, te voilà plus à même de percevoir l’utilité d’intégrer l’éco-conception web à ta démarche de green marketing. Non pas pour monter d’un cran le curseur de la culpabilité, mais bien, pour gagner en cohérence dans ta démarche globale et participer, à ta mesure, à cette grande révolution verte.

Comme tu as mûri ta réflexion autour des vertus écologiques de ton produit et chasser les indésirables de ton écosystème, l’éco-conception web s’inscrit dans la même lignée : faire mieux avec moins. Pour cela, l’ambition est de repenser chaque étape du cycle de vie de ton site web, avec pour objectif de limiter intelligemment la consommation des ressources physiques inutiles, fortement consommatrices de CO2.

Eco-conception web, 3 étapes pour réduire ton empreinte écologique

Les adeptes du genre se sont largement penchés sur la question et ont établi une liste de 115 bonnes pratiques pour optimiser la conception de ton site web. De cette réflexion, émergent deux axes parfaitement complémentaires : les choix techniques, qui pèsent environ 20% des économies d’énergie réalisables ; ainsi que la réflexion menée en amont de la conception, afin de s’en tenir aux essentiels.

Ainsi, pour réduire l’empreinte écologique laissée par son site web, a fortiori sa marque, l’Ademe a imaginé un parcours d’éco-conception digitale en 3 étapes. A chacune d’elle, l’opportunité de procéder différemment pour mettre en cohérence tes outils et tes convictions.

Etape 1, la conception UX design

Avant même de s’interroger sur l’usage de telle ou telle technologie, la démarche d’éco-conception nous invite à repenser l’expérience utilisateur en nous focalisant sur le minimalisme, la simplicité. Il s’agit donc d'épurer le parcours client afin de ne préserver que les fonctionnalités ou contenus offrant une véritable valeur ajoutée.

64% des fonctionnalités d’un logiciel ne sont jamais utilisées. GreenIt.

Ainsi, plutôt que de dupliquer les schémas traditionnels, faire le choix de l’éco-conception nous conduit à revoir nos habitudes autour de 3 questions clés :

  • Cette fonctionnalité est-elle nécessaire à mon utilisateur ?
  • Ce contenu permet-il d’atteindre un objectif marketing bien défini ?
  • Existe-il une façon alternative, plus rapide et moins énergivore, de procéder ?

Conséquence, tu ressors tes workflows et tu fais le grand ménage par le vide. Cela, passe, notamment par la restructuration de l’arborescence afin de proposer une ergonomie plus fluide. De même, tu peux te questionner, par exemple, sur l’utilité de proposer un bandeau Blog qui relaie les actualités sur toutes tes pages ou encore l’emploi d’un carrousel sur ta home, sachant que le taux de clic sur la première image oscille entre 1 et 3%.

Derrière cette sobriété numérique, la volonté de proposer également un marketing raisonné, une relativement économie de moyens au service de l’objectif. Ainsi, l’on privilégiera un message unique, lisible et clair à la multiplication des propositions de valeurs au fil des pages dédiées à chaque business unit.

Coté création de contenu, l’éco-conception privilégie le slow content et les contenus ever green, qui offrent une information plus fournie, thématique et durable, plutôt que la multiplication de pages d’actualité, dont la durée de vie se comptent désormais en heures. Tu l’auras compris, il s’agit ici de se libérer de tout ce qui est superficiel ou qui ne répond à aucun appel à l’action.

Etape 2, le développement technique

L’aspect technique étant l’un des premiers champs de recherche de l’éco-conception web, les recommandations sont nombreuses et pointues. Je te laisse donc gérer ce point directement avec ton développeur ! Néanmoins, nous pouvons, là encore, retenir de la démarche quelques doctrines.

A commencer, par le recours systématique à un CMS. Evidence souvent gommée par la facilité, le déploiement d’un Wordpress n’est pas nécessairement l’option la plus pertinente pour proposer un simple one page. Ainsi, l’éco-conception nous ramène à des principes basiques comme l’optimisation du poids des visuels, la limitation des animations, très consommatrices de mémoire vive, ou encore la multiplication des typographies, qui pèsent jusqu’à 30% du poids de la page.

Enfin, sujet presque tabou, l’installation, jamais remise en cause, d’un Google Analytics, hyper consommateur de ressources, lorsque le site n’est que peu ou pas monitoré. La question se pose également sur la connexion à de multiples API, y compris les plus simples comme l’installation d’une map Google.

En parallèle, tu peux encourager ton dev à se greenifier encore davantage en l’orientant vers un hébergement « vert ». Derrière cette étiquette, le prestataire labellisé s’engage à mettre en œuvre un dispositif technique adapté à ta problématique. Cela se traduit, notamment, par l’alimentation en énergie verte de ses data centers, une politique d’achat responsable ou encore ses engagements en matière de RSE.

Etape 3, la diffusion à l’écosystème marketing

A ce stade, te voilà doté d’un site éco-conçu dans les règles de l’art ! Pourtant, tu peux encore gagner quelques points de bonne conscience en poussant la démarche un peu plus loin. Première escale, ta stratégie d’emailing, notamment si tu pratiques le lead nuturing.

Selon l’Ademe, envoyer un simple email équivaut à la consommation de 25Wh, soit une ampoule de 60W allumée pendant 25 minutes. Je te laisse faire le compte lorsque tu shootes une campagne sur des milliers d’abonnés. Pas de panique, là encore, des solutions existent, comme :

  • Repenser le template utilisé pour ta newsletter ou tes emailing transactionnels en allégeant les visuels, ce qui réduira leur poids, et donc leur empreinte écologique.
  • Purger régulièrement ta base abonnés en supprimant les emails en doublon, les adresses erronées et les perpétuels non-ouvreurs.
  • Limiter l’envoi des emailings aux mails double-optin, c’est-à-dire dont l’adresse a été confirmée. Ce qui accessoirement, te remet en phase avec les recommandations RGPD de la Cnil !

En parallèle, tu peux également réfléchir à l’usage de tes réseaux sociaux. Est-il nécessaire de multiplier systématiquement tes communications sur toutes les plateformes, notamment lorsque tu fédères des communautés composées de profils similaires ?

Derrière l’économie d’énergie, la démarche s’inscrit également dans une quête de bon sens et de performance.

Site éco-conçu, 5 bonnes raisons de s’y atteler

Outre la réduction de ton empreinte carbone, adopter l’éco-conception web offre de véritables avantages, qui dépassent le seuil de tes convictions éthiques. Clairement, ton business a autant à y gagner que la planète.

Une expérience utilisateur optimisée

Premier atout et non des moindres, en adoptant ces principes d’éco-conception, tu offres une meilleure expérience utilisateur. L’ergonomie du site est optimisée, la navigation fluidifiée, le message centré sur l’essentiel. Résultat, ton visiteur trouve immédiatement ce qu’il cherche, se laisse plus facilement guider vers l’objectif et voit son parcours client simplifié. Toi, tu y gagnes immanquablement en performance, ce qui devrait immédiatement se voir sur ton taux de conversion. Less is more, comme disent les greenmakers !

Un meilleur positionnement SEO

A cette expérience client aérienne se greffe un véritable gain SEO. Et oui, qui dit page épurée, dit vitesse de chargement réduite. Et ça, Google apprécie et ne manquera pas de le montrer ! En parallèle, un contenu plus lisible, couplé à une navigation épurée, assure également une diminution du taux de rebond. Un bon point, là encore, pour ton référencement naturel.

Une image de marque cohérente

Comme tu communiques sur tes valeurs et tes engagements, tu as tout intérêt à mettre en avant les efforts fournis pour juguler cette empreinte numérique qui explose. Tu es conscient, et tu agis en faveur d’une réduction de cette pollution. Cela ajoute de la cohérence à ta démarche entrepreneuriale et ta marque gagne en crédibilité auprès de son audience. Pour cela, il suffit de quelques actions simples, comme justifier ta politique d’emailing ou afficher quelques chiffres clés. Voici, par exemple, un outil qui te permet de chiffrer ton score de performance environnementale. Tu peux tout simplement communiquer sur ta marge de progression.

Une durabilité optimisée pour ton site

En optant pour un site plus léger, libéré des gadgets et des tendances du moment, tu t’offres également l’opportunité de le faire perdurer plus longtemps. En moyenne, un site web est refondu tous les 2 à 3 ans. Grâce à l’éco-conception, tu peux doubler la mise, sans altérer le message ou ton image puisque tu as correctement balisé le chemin en amont. Un argument qui s’inscrit pleinement dans ta quête du durable. Il n’y a pas de petites économies en la matière !

Un coût de conception allégé

En parlant économie justement, c’est sans doute l’un des points forts de l’éco-conception, une réduction notable du budget de conception web et de maintenance du site. Et oui, qui dit moins de fonctionnalités, dit moins de temps passé sur le développement. Et donc, une facture moins salée. A cela s’ajoute une économie substantielle sur la facturation de services annexes, comme l’hébergement ou le recours à des applications tierces, qui viennent alourdir ton budget digital annuel.

Voilà, c’est tout pour moi ! Ecolo convaincu ou pas, l’éco-conception web semble promise à un bel avenir puisqu’elle favorise la convergence d’une conception plus en phase avec les attentes des consommateurs et la réduction des dépenses énergétiques inutiles. De quoi remettre en question nos pratiques métiers afin de servir un double objectif, tout en faisant de toi un précurseur du genre.

Si l’envie de faire mieux avec moins te titille, ça se passe juste en dessous. Un mail, un café et hop, on lance un worshop pour révolutionner ton petit monde digital. A très vite !