Qui suis-je pour porter pareil jugement ? Une lectrice, surentrainée. Si je dois m’y reprendre à trois fois pour achever la lecture, il est probable que l’article manque de vitalité, ou tout au moins d’intérêt. Un regard purement subjectif, mais tout à fait fondamental pour servir ton objectif : être lu pour convaincre. Tous les bons rédacteurs ont écrit de mauvais articles. Ce n’est pas réjouissant, mais ce n’est pas dramatique non plus. Celui-ci typiquement est très mal engagé. Peut-être as-tu déjà capitulé ? Car, tu ne veux pas perdre ton temps, ce qui est légitime. Alors, comment dompter l’ennui ? A mon sens, par un savant mélange de technique, de style et de contexte. Prenons 5 minutes pour nous remettre en question, veux-tu ?
Préambule : comment savoir que mon article est source de désintéret ?
De deux choses l’une, soit tu as un ami charitable qui te le murmure à l’oreille. Ca pique, mais c’est salvateur. Soit, tu te rabats sur tes statistiques Analytics. Le taux de rebond et le temps de session, à comparer au temps de lecture, ne mentent pas. Données objectives, pas de débat ! Tu peux, tout de même, te consoler sur la qualité de tes balises Title et Description qui ont mené l’utilisateur au clic.
Frein n°1 : Tu es de mauvais poil !
Que tu te sois disputé avec ton partenaire ou que l’idée d’écrire un 43ème article sur les porte-fenêtre te pèse, l’envie n’y est pas. Tu as l’esprit ailleurs et la volonté d’en finir rapidement. Tu vas donc expédier chacune des étapes et transmettre ta mauvaise énergie de ligne en ligne. Ta plume sera lourde et tu ne vas t’amuser. La sauce ne prendra pas. Mon conseil : va voir ailleurs et reviens quand tu seras disposé !
Frein n°2 : Tu as bâclé tes recherches
Irons-nous jusqu’à dire que tu avais mieux à faire aujourd’hui ? Toujours est-il que tu n’as que quelques informations superficielles à nous proposer après avoir consacré 15 minutes au sujet. Tu pars donc freestyle dans ta rédaction et copies-colles quelques phrases ici et là, que tu t’efforces de réécrire. Ne joue pas l’indigné, je l’ai vu 1000 fois ! Résultat, le tout est bringuebalant et manque cruellement de structure et d’intérêt. Signe distinctif, tu vas à la ligne toutes les lignes…
Frein n°3 : Tu es dans un angle mort
Un bon article repose sur une histoire, tu dois embarquer le lecteur dans ton univers. Pour savoir quelle route emprunter ensemble, il te faut un objectif clair, un problème à résoudre, une énigme à lever. De cela, nait l’angle de traitement. Si tu choisis un sujet abordé un million de fois (parce qu’il génère du trafic, tu vois !) et te contentes de synthétiser les trois premiers liens de Google, il y a peu de chance que tu te différencies. Pourquoi ton article serait-il meilleur que ceux déjà en ligne si tu n’enrichies pas la proposition ? Pour le savoir, compare tes intertitres à ceux des premiers résultats d’au moins 3 requêtes.
Frein n°4 : Tu vires rédacteur SEO
Corollaire du précédent, tu te perds dans la technique SEO au détriment de l’histoire. Tu privilégies les mots-clés à l’intention, le trafic à l’entonnoir. Tu respectes bien trop scrupuleusement les consignes de Yoast, 1.fr et autres optimiseurs de contenu… Si ces outils peuvent être utiles (controverse !), ils sont surtout sources d’uniformisation du texte. Certes, tu vas plaire à Google, mais est-ce lui qui va passer commande sur ton site ?! Pense plutôt à ton persona cible et fais lui l’article…
Frein n°5 : Tu mises tout sur la taille
Là encore, nous pouvons remercier les forfaits rédaction blog ! Tous les sujets ne méritent pas un nombre de mots équivalent. Mais, tu as vendu 850 mots alors… tu remplis pour les atteindre ou tu coupes pour rentrer dans l’espace prévu. Résultat, ça ne glisse pas. Trop court, le traitement est sommaire et génère une frustration à la lecture. Trop long, tu brodes et alourdis inutilement le style. Voire, tu décourages ton lecteur un poil feignant…
Frein n° 6 : Tu ne maintiens pas la pression
Bam, un gros bloc de texte, sans blanc, sans image, sans sommaire. Il faut lire – tout lire – pour comprendre. Pas cool ! Ponctuer cette montagne d’informations d’intertitres accrocheurs, de brefs résumés, de listes à puces, d’encadrés et de blancs va rythmer l’ensemble et permettre de pénétrer le contenu beaucoup plus facilement en se laissant happer par l’une des accroches.
Frein n°7 : Tu as un style à dormir debout
Soit, tu n’as pas bien cerné le sujet – nous ne sommes pas tous experts en porte-fenêtre – soit, tu es un peu trop porté sur le SEO, soit tu crois que tu as une bonne plume, mais, en fait, non. Dans tous les cas, le texte est gavé de lourdeurs, le vocabulaire est pauvre, les répétitions s’enchainent. Bref, tu compenses et ça se voit. Les adverbes dégoulinent du clavier, tu additionnes les formules de transition qu’affectionnent tant les optimiseurs de contenus. Tu es focus voie active et mets un point tous les 3 mots, pour obtenir un bon score. Tu ferais sans doute mieux de t’appuyer sur des valeurs sûres, comme les analogies, les verbes d’action, le vocabulaire émotionnel ou les virgules. Entre nous, le style, c’est comme la beauté, dès que tu crois en être doté, tout s’évapore…
Frein n°8 : Tu sonnes faux
Ton client et toi n’êtes pas en phase sur la tonalité. Il compte parmi ces gens qui pensent qu’il faut être rabat-joie pour être sérieux. Je compatis ! C’est le moment où jamais de lui prouver le contraire. Saupoudre ton article d’une pincée de légèreté, ajoute ici et là un peu d’émotion, sors ton dictionnaire des synonymes et amuse-toi. Se glisser dans le costume d’un autre est une qualité essentielle pour un rédacteur. L’exercice est parfois complexe. Lorsque ton univers ne matche pas avec celui du client, mieux vaut passer à autre chose.
Frein n°9 : Tu négliges les finitions
Si la rédaction d’un bon article se limitait à écrire quelques lignes, nous serions tous rédacteurs à glaner des missions dans un groupe sur Facebook ! L’écriture est la face immergée de l’iceberg, ce n’est pas là que la partie se joue… Une fois rédigé, il faut savoir valoriser son article. Doser savamment les liens qui prolongent la navigation, apporter du relief au texte par la mise en forme, s’appuyer sur la narration visuelle pour lui donner une dimension supplémentaire. Jouer de tous les artifices pour sublimer l’ensemble. Et puis, parfois, il y a ce template. Juste moche, qui met tout en l’air !
Frein n°10 : Tu sers à hauteur de la demande
Mettre bout à bout toutes ces vertus demande du temps et de l’implication. Certes, certains se nourrissent de passion, mais est-ce la solution ?! Un travail éditorial de qualité a un coût. Alors, évidemment, la concurrence est rude et les rédacteurs prêts à écrire des articles à la chaîne pour 5 euros se bousculent. Mais peut-on attendre un résultat irréprochable pour un tel investissement ? Qui, du rédacteur ou du client, doit faire le premier pas pour aboutir à un rendu exaltant ? Si l’article est chiant, cela tient peut-être à l’étroitesse du brief et au défaut de motivation à réaliser la commande. L’on récolte ce que l’on sème…
Conclusion, rien n’est perdu pour peu que tu acceptes de te remettre régulièrement en question. Si tu es plus performant sur d’autres chantiers que la rédaction, concentre-toi dessus pour créer ta valeur. Et redistribue celle-ci en confiant cette tâche à un copywriter aguerri. Tout le monde sortira vainqueur de cette équation circulaire !