Comme le contenu, le client est roi. Ce que l’histoire ne dit pas, c’est de quel royaume. Or, clairement, certaines contrées sont plus attractives que d’autres. S’il est légion de prendre du temps à définir son audience au travers des personae, il est plus rare de s’interroger sur les clients avec lesquels ne pas collaborer. Pourtant, l’expérience nous apprend que derrière ces anti-personae se cache un véritable terrain d’optimisation. Du temps, de l’énergie, des ressources déployées, des objectifs atteints. Comme tu choisis ton prestataire de contenu, ton prestataire de contenu te choisit. De cette communion mutuelle naît l’étincelle. Et clairement, certaines situations font passer l’envie de mettre le feu. Aujourd'hui, petite échappée en coulisses afin de t'éviter le faux pas qui te fera te faire balader d'un prestataire à l'autre et perdre un temps précieux.
1. L'énigmatique
Un grand latte, Instagram, Gmail. Au milieu de ce rituel matinal, un nouveau lead. Chouette. Jusqu’à lecture dudit mail… « Pas Bonjour, Pouvez-vous me faire un devis ? Pas Merci ».
Outre le fait que ta mère revendiquerait t’avoir appris la politesse et que le gain de temps n’est pas une excuse lorsque l’autocomplétion finit tes phrases, sois certain que ce type de demande débouche sur une longue expiration. Tout simplement, parce qu’elle va demander un excédent d’effort. Pour savoir qui tu es, ce que tu veux, quel est ton besoin. Sans compter qu’elle traduit que ta préoccupation première n’est pas l’objectif à atteindre, mais combien cela va te coûter. Pas très vendeur tout ça !
Tu n’as ni le temps ni les compétences pour rédiger un brief en bonne et due forme, je peux complètement le comprendre. Néanmoins, rien ne t’empêche de te présenter succinctement, a minima fournir l’url du site concerné, résumer ton besoin en 5 mots et inviter ton interlocuteur à te contacter pour échanger autour de ton projet. C’est plus pro, c’est plus propre et ça ne prend pas plus de 3 phrases. Si, toi-même, peine à t’intéresser à ton projet, difficile de convaincre autrui de s’y investir.
2. Le testeur
Celui-ci, c’est mon préféré. Le lead pigeon. Fort de ta super légitimité de client avec un réseau long comme le bras, tu te sens suffisamment à l’aise pour faire l’aumône, sous couvert de performance. Petit prestataire, devrait donc se sentir gratifié de pouvoir contribuer au grand test des compétences, qui, une fois validé et publié au milieu d’autres contenus, amassés ici et là, débouchera peut-être, peut-être pas sur une super commande. Mieux encore, la promesse d’une réputation démultipliée, gage d’un avenir certain.
Est-ce qu’avant de louer un bien, tu demandes à l’agent immobilier d’y squatter une semaine ? Est-ce qu’avant d’acheter ton steak chez le boucher, tu exiges que l’on t’en cuisine un burger ? Probablement que non. Quémander du contenu gratuitement décrédibilise ta requête et altère, de fait, la perception de ton professionnalisme. Or, personne n’a de temps à perdre avec un amateur. Tu serais mieux reçu en demandant gentiment s’il est possible de lire quelques exemples de travaux déjà réalisés, ce qui est fort légitime pour s’assurer d’être en phase sur le fond et la forme.
3. L'improvisateur
Tu veux du contenu pour ton site Internet. Parce que tu as lu que c’était l’un des ingrédients incontournables pour augmenter ta recette. Parfait, je suis là pour ça. Creusons un peu pour voir ce qui se cache là-dessous. Alors, du contenu pour servir quel objectif ? Quelle cible est visée ? Quelle est ta vision de l’entreprise ? Non, non, ce ne sont pas des questions pièges, simplement les premières clés pour franchir les portes de ton labyrinthe. Seulement, il semble que toi aussi, tu aies perdu le trousseau. Parce que clairement, ton projet manque de maturité à ce stade.
Alors, certes, si tu fais appel à une expertise métier complémentaire, c’est pour t’aider à te dépatouiller dans cet imbroglio digital, qui est loin loin loin de ton cœur de métier. Seulement, pour bien te raconter, j’ai besoin de te connaître a minima, d’avoir en visée la destination. Et cette direction, c’est à toi de la dessiner, car elle s’inscrit dans ton tout. Moi, je peux t’aider à faire le tri dans tes idées, te proposer un chemin alternatif et t’éclairer sur les moyens à mettre en œuvre pour servir ton ambition. En revanche, je ne peux pas présumer de tes objectifs professionnels.
4. Le gourmand
Dans une dynamique inversement proportionnelle au précédent, tu veux tout, tout de suite. Tu vois loin, tu vois grand, tu as 89 pages de business plan dans ta besace et la motivation d’un célibataire confiné depuis 3 mois avant sa première soirée au bar. En clair, tu as faim. Alors, tu m’expliques ton projet en long, en large, en travers. Je réfléchis, je recommande, et naturellement, je budgette. Et là, bim, bam, boum, ça ne rentre pas du tout dans tes projections Excel. Car, tu pensais qu’avec 4,50 euros, le tour était joué !...
Nouveau projet, petit budget, il est classique en phase d’amorçage de chercher à répartir intelligemment ses deniers. C’est même plutôt raisonnable comme approche. Tout autant que de prioriser les tâches. Aussi, prenons le temps de séquencer, plutôt que de raisonner en tout ou rien. Peut-être qu’aujourd’hui, tu peux te satisfaire de tel outil et remettre un autre à plus tard. C’est tout l’intérêt de faire appel à une force de conseil que d’accepter de te laisser guider. La valeur ajoutée d’une agence marketing est, aussi, de te faire profiter de son expérience, acquise au sein de multiples configurations.
5. Le désordonné
Cas classique, tu viens de créer ta société. Donc, il te faut un nom. Tu le choisis avec 2 potes autour d’une bonne bière. Ça tombe bien, la femme de la cousine du chien de ton pote peut te faire un logo. Vendu ! Elle fera aussi le site web, ce sera son premier, mais c’est la famille !... 3 mois plus tard, tu hérites d’un logo discutable, d’un site à l’arborescence bancale et de pages en lorem ipsum. C’est précisément le moment où il te faut du contenu ! Alors, tu veux du contenu. Mais, en réalité, ce qu’il te faut, c’est de la cohérence. Et là, c’est loupé !
Produire du contenu, ce n’est pas remplir les trous sur une page imaginée par quelqu’un dont le métier est de transmettre visuellement une idée. Idéalement, le travail d’architecture de l’information se fait en amont, notre fameux zoning. Sur cette base, le graphiste pose l’univers qu’il a imaginé ; puis, renvoie la balle au copywriter qui adapte le message à l’espace alloué. Les étapes de conception sont respectées, chacun adapte ses contraintes métiers autour d’un objectif commun, le résultat est plus probant. Et toi, tu gagnes clairement du temps.
6. Le désintéressé
Celui-ci, c’est un piège. Les étapes avant-vente se sont bien déroulées, le projet est exaltant, l’interlocuteur dans le partage. C’est quasi l’osmose, jusqu’à ce qu’il y ait passage de ballon. Soudain, entre sur le terrain la petite nouvelle. Chargée de bonne volonté, le reste est en cours d’acquisition. A chaque question, la réponse reste suspendue dans les airs, le temps de faire le tour de la boucle.
En faisant appel à un prestataire externe, l’une des promesses implicites est de gagner du temps. En s’évitant notamment de devoir s’immerger trop profondément dans la technicité. La gestion de projet est une tâche qui réclame de l’agilité. Dès lors que l’on est un minium concerné par ce à quoi l’on s’affaire, la pédagogie se fait naturellement. La transmission d’informations, de part et d’autre, est justement dosée pour se comprendre. Mais pour cela, il faut un minimum de répondant. Une mission dure rarement plus de quelques semaines, généralement ponctuée par des points bien précis. Tu as donc tout intérêt, toi aussi, à garder la main ou à la partager avec quelqu’un de suffisamment solide. Entre nous, ça t’évitera de faire les dits points en doublon…
7. Le copieur
Tu as benchmarké la concurrence avec sérieux, tu es au fait des tendances. Tellement bien d’ailleurs que ta stratégie tient en trois mots : copier les leaders du secteur. Tu veux donc, le même contenu, la même identité de marque, les mêmes marqueurs, le même argumentaire de vente, le même zoning.
Tu n’imagines probablement pas à quel point c’est frustrant comme approche pour un esprit créatif ! États d’âme du concepteur mis à part, ce n’est clairement pas la voie la plus pertinente pour attirer tous les regards vers toi. Que deviennent tes éléments différenciants ? Pourquoi choisir ta marque puisque ta proposition de valeur est la même ? Comment te repérer avec un branding bâti sur les mêmes codes ? Comment identifier ta valeur ajoutée ? Copier, c’est rassurant. Mais, c’est aussi totalement inutile. Si la recette a fonctionné pour les acteurs déjà présents sur ce marché, c’est parce qu’ils ont innové, qu’ils ont osé un axe parallèle, bousculé les existants. Donne-toi cette chance !
8. L'abandonniste
Tu as commencé le job, mais le résultat ne te satisfait que partiellement. Seulement tu y as consacré du temps et de l’énergie et souhaites donc le préserver. Il faudra « juste réécrire » ou « compléter » ici où là… Alors, tu envoies des morceaux de tout et rien. Et attends que la magie opère. Mais, c’est le bazar, car tu sous-estimes la profondeur de la tâche et fait fît de la nécessité d’avancer avec une stratégie claire et construite.
À partir de là, deux options. Soit, tu persistes, et le rendu sera le moins décousu possible. Soit, tu ouvres le champ des possibles et acceptes d’entendre que les pièces venues de différents puzzles ne peuvent que difficilement former un tout. Auquel cas, nous pouvons alors réfléchir sereinement à la manière la plus pertinente de valoriser tes atouts, organiser ton argumentaire de vente, placer habillement tes appels à l’action et aboutir, enfin, à un résultat que tu auras plaisir à partager.
9. L'optimiste
Qui laisse passer un hiver entre le devis et sa réalisation. Ici, je plaide coupable d’un excès d’impatience, mais tout de même... S’il est normal de prendre la température pour évaluer la faisabilité lors de la phase d’étude d’un projet, et qu’il l’est tout autant de traiter les priorités par ordre d’arrivée ; il l’est moins de bloquer le temps, tout aussi précieux de ton interlocuteur. Alors fais preuve de transparence !
Lors de ta prise de contact, prends la peine de préciser que, pour l’heure, le projet est à l’étude, plutôt que de laisser entendre qu’il débute la semaine suivante. Qui sera repoussée à la semaine suivante, avant la semaine d’après… La vie d’une agence est faite d’une succession de missions, qui nécessite un minimum d’organisation – et de flexibilité. En pensant garder ton content marketer dans les starting-blocks, en réalité, tu épuises sa patience. Car, pendant, que tu gères tes priorités, lui, doit continuer de remplir son planning, en jonglant avec tes contraintes inattendues. Revers de la médaille, quand tu seras prêt à bondir, lui, sera probablement passé à autre chose, faute d’avoir entretenu ta crédibilité.
10. Le mauvais payeur
Mener à bien une mission avec un prestataire, c’est établir un lien de confiance réciproque. Ce qui induit une forme de respect mutuel. Or, profiter des expertises, sans assumer sa part du contrat, n’est clairement pas faire preuve de considération. Puisque ton agence de contenu a tenu ses délais de livraison et sa feuille de route, charge à toi d’assurer les délais de paiement prévus.
Comment réagis-tu face à un client en impayé ? La satisfaction de ton client suffit-elle à nourrir la tienne ? Ce n’est pas à ton prestataire d’assumer ton BFR et d’assurer ta trésorerie. Et ce n’est agréable pour personne de passer d’une relation de travail conviviale à la quête infinie de la facture en attente. Ça casse l’ambiance. Et accessoirement, ça te grille sur tout le réseau… Je suis convaincue que l’étiquette du mauvais payeur n’est pas ce qui te va le mieux au teint.
Il paraît que l’écriture a des vertus curatives. Et bien, tu sais quoi, c’est libératoire de poser des mots. Non pas pour t’exclure, mais pour mieux avancer ensemble. Parce qu’au fond, l’on a certainement, toi et moi, l’envie de bien faire. Et que tout cela n’est que maladresse… Alors, maintenant que tu appréhendes mieux certaines limites, amusons-nous ! Je te fais un devis ?!